Une saison 83 plutôt “fracassante“ !


En quatre participations durant l'année 1983, de la première course de l'histoire du Trophée Samba des circuits à Montlhéry aux Finales Renault sur le circuit de Nogaro, en passant par une manche de Formule Renault à Magny-Cours et une course de 2 heures réservées aux Groupe N sur le circuit Bugatti, ma saison 1983 d'amateur restera nettement qualifiée de désillusion, plus que de satisfaction.


Hormis une course-relais au Mans, complète jusqu'au drapeau à damier, avec une Fiat Ritmo 125 TC partagée avec l'ami Jean-François Guittard, les deux percussions de mur à Montlhéry, avec une Talbot Samba louée à Jean-Claude Dayraut, et lors des Finales Renault de Nogaro avec une Martini louée à l'ami Thierry Lecourt, sans oublier une casse récurrente de transmission lors de la manche FR de Magny-Cours, avec la Martini de l'ami Etienne Barthe, restent le souvenir d'une multiple frustration.

Mai 2023     

MONTLHERY - Trophée Samba - Mars 83


Cette participation s'est décidée comme un défi, peu après une fin d'automne 82 où, un samedi de relâche, j'avais fais un crochet vers Linas-Montlhéry pour assister à des stages de pilotage organisés par l'ami Loïc Bureau, assisté par Patrick Martins (tous deux excellents pilotes, le premier en Coupe R5 et le second en FR après avoir remporté le Volant ACO).

Ces stages étaient l'un des trois ou quatre week-ends, sous forme de sélections donnant droit à une place en finale ultérieure d'un insolite “Volant Boîte à Pulls“, récompensé par quelques courses prises en charge la saison suivante. Sur le bord de piste, j'étais juste venu pour observer, et c'est en soirée autour de quelques verres que Loïc et Patrick m'avaient lancé : “reviens demain, inscris-toi pour la sélection, sans avoir suivi la formation, mais pour la moitié du prix tu participes aux chronos de la seconde journée !“. La tentation transformée, j'étais donc revenu le dimanche pour jouer le jeu, sous forme de tableau de quatre groupes, avec deux pilotes sélectionnés pour la finale du jour. Les sélections se faisaient sur le tracé semi-routier, d'abord au volant d'une Mitsubishi Colt turbo assez amusante, puis avec une plus efficace R5 Alpine Turbo “Coupe“.

En marge du plaisir de rouler, le souvenir le plus croustillant est de m'être qualifié 2e de mon groupe, derrière l'expérimenté Jean-Luc Zajfert (un autre Volant ACO ex-pilote FR), et ainsi d'éliminer pour la suite un jeune pilote de kart avignonnais de 18 ans, dont je connaissais le père Franck, d'origine sicilienne, pour l'avoir vu courir en course de côte une dizaine d'années plus tôt. Un jeune talent dont la fougue et un tel sens de l'attaque, à défaut d'expérience de la berline, le faisaient entrer si vite dans la seconde chicane qu'il en ressortait beaucoup moins bien ! J'ai donc devancé au moins cette (seule) fois le dénommé Jean Alesi, ... qui s'agaça quelques années plus tard que je raconte cette anecdote. Pour finir, en fin d'après-midi, j'avais échoué à mon tour pour décrocher mon ticket pour la finale.


Cet épisode m'avait donné l'envie de tenter une course sur ce légendaire circuit francilien, car j'avais assez bien assimilé et apprécié ses caractéristiques, et notamment la technique pour négocier les chicanes, dont la seconde sur l'anneau.

Et justement, l'ami Jean-Claude Dayraut, vieille connaissance toulousaine des 70's, du temps où je suivais entre autres des autocross dans le Sud-Ouest, proposait à la location une des nouvelles Samba du nouveau Trophée du même nom. Suivit un aller-retour à Nogaro une semaine ou deux avant pour apprivoiser l'auto sur une trentaine de tours, et nous voilà à Montlhéry pour les qualifications disputées sur le sec mettant aux prises pas moins de 55 engagés. J'eus la bonne surprise de me voir classé 8e (devenant par la suite 7e position de grille), au cumul des deux groupes, au milieu de nombreux pilotes habitués à disputer des saisons complètes, ou de jeunes espoirs comme Eric Bayol et Philippe Gache (choisis comme pilotes du Groupement des Concessionnaires). J'ai toujours considéré que le petit galop d'essais effectué à l'automne sur ce tracé, ainsi le fait que ce circuit ne soit pas souvent utilisé en compétition, même en entraînement, avaient facilité mon positionnement dans la hiérarchie.


Le dimanche matin, changement de décor avec la pluie battante. Je n'allais pas avoir l'occasion de vérifier si dans ce contexte j'étais aussi à l'aise que je l'espérais, car les conditions de moindre adhérence m'ont toujours attiré. Peu après le départ, d'abord bien négocié, j'allais rater l'engagement du 3e rapport, juste au moment d'entrer dans la zone entre les deux murs qui mène au virage des Deux-Ponts. Après le court instant pour mieux l'enclencher, je sentis ma Samba pivoter et entamer un pas de danse imposé vers la droite, pour embrasser instantanément et très fort le mur de béton. En vérité, le pilote placé derrière moi, le seul Allemand du peloton ... nommé Frensch (ça ne s'invente pas !), avait tenté de s'infiltrer dans le goulet entre mon aile arrière et le mur. S'il s'en sortit sans dommage, j'en fut le seul impacté. Ma course s'arrêta-là, face avant et berceau détruits ...


MAGNY-COURS FR - Mai 83


Albi, fin avril, troisième manche du championnat de France FR. Un week-end dont doivent se rappeler Paul Belmondo et Philippe Paoli, victimes d'un effrayant accident en essais, qui les avaient conduits à l'hôpital. L'ami Etienne Barthe, au volant de sa MK 18 ex-FR Europe transformée en FR Turbo, avait créé la sensation en signant la pole position devant Jean-Pierre Hoursourigaray et Pierre-Henri Raphanel. Dans le paddock, après ce coup d'éclat du samedi, le photographe girondin annonça sa décision de ne pas participer à la manche suivante à Magny-Cours une semaine plus tard. Question de budget et d'emploi du temps. Et là il me dit : “je te la prête pour Magny-Cours !“ Croyant d'abord à une blague, l'opération est lancée illico. Michel Domenech, un ami commun toulousain de Pierre Abadie (le père de Simon et Sarah, les maîtres d'oeuvre aujourd'hui du Tech 1 Racing) se portera volontaire pour convoyer la Martini et sa caravane-remorque dans la Nièvre, et me donner un coup de main. Le dimanche, Etienne termina 2e derrière le Volant Motul basque, auteur de la 2e des cinq victoires allant le mener au titre. Une fois passée l'euphorie de son podium, Etienne, qui occupait la 2e place du championnat, ex-aequo avec Michel Maisonneuve, remballa le matériel pour nous le confier.


La suite fut bien moins faste pour la MK 18 à Magny-Cours - “il n'y eut pas photo !“. D'abord dans un paddock champêtre bien boueux, où notre Martini d'emprunt voisinait avec l'Orion de David Velay et sa sympathique petite structure familiale. Et surtout à cause, on le découvrira “après la bataille“, en piètres mécaniciens que nous étions, d'un décalage trop important du train arrière. Cette MK 18 étant munie de demi-arbres de transmissions dotés de joints homocinétiques d'origine VW, et non de croisillons de cardan classiques comme sur les FR du moment, celui de droite travaillait avec trop d'écartement. D'où la casse récurrente après une poignée de kilomètres, Cela me valu de m'abonner au magasin de pièces détachées de l'ami Tico et de le remplacer plusieurs fois. Bilan brut, pas plus de 7 tours de piste complets en trois jours, aucun chrono en qualifications, et abandon après le premier passage en course des Challengers ...


LE MANS 2 Heures Groupe N - Septembre 83


Dans les années 80, le passage du groupe 1 au groupe N, en rallye, comme en montagne et en circuit, avait relancé l'idée de courir pour pas (trop) cher.

Fin septembre 83, l'Automobile Club de l'Ouest avait ainsi créé une course-relais de 2 heures sur le circuit Bugatti, destinée à des voitures de série homologuées et dotées de pneus de série. Avec mon confrère et ami Jean-François Guittard, nous avions embrayé sur cette expérience. “Johnny“ avait dégoté une Fiat Ritmo 125 TC louée par le pilote montagnard Franc-Comtois Marcel Viard, sur laquelle nous avions monté un train de Pirelli P6 généreusement alloué par Jacques Foulon, alors responsable du service compétition France de la marque. Si les Alfa GTV 6 propulsion étaient sensiblement plus rapides en classe des + de 1600, il y avait aussi d'autres Ritmo qui, si mes souvenirs sont exacts, étaient chaussées de gommes Michelin s'usant un peu moins vite dans ces conditions. Nous avions terminé ces deux heures sans problème majeur, à la 9e place au général, la 6e de la catégorie et la 2e des Ritmo derrière les expérimentés Large et Dosières.


NOGARO FR Finales Renault - Octobre 83


Un an après ma deuxième course de monoplace sur le circuit Paul Ricard, l'envie était forte de renouveler une participation aux Finales Renault, d'autant que c'était cette fois le tour de Nogaro, mon circuit fétiche où j'avais fait mes débuts. Pour ce projet, en fonction de mes moyens limités, louer la Martini MK 33 de l'ami Thierry Lecourt, une FR “atmosphérique“ de deux ans transformée en version R18 turbo, avec laquelle il courait en 82, fut l'opportunité. Après une petite tournée auprès d'amis susceptibles de cotiser à cet engagement, principalement Olivier Lamirault (Renault Chartres), Villas JB et Motul, direction le Gers pour les diverses séances d'essais libres.

Elle ne furent pas de tout repos. Thierry Lecourt ne pouvant être présent avant le jour de la course, il m'avait délégué un des ses amis dans le rôle du mécanicien. Un gars sympathique, mais pas vraiment plus que moi un professionnel de la mécanique. Au point que dans une séance, après être reparti, j'entendis un bruit suspect et sentis mon train arrière survirer et talonner dans le gauche rapide de La Ferme. Une fois rentré au stand, constat qu'une roue n'était pas serrée. Il s'avéra aussi que le moteur n'était pas dans une forme olympique. Et là, dans la toute dernière séance libre du vendredi, je fus aux premières loges d'une violente sortie de l'Orion frontale de Christian Braconnier dans la courbe Roger Dubos. Le même qui avait remporté la première course de la saison aux Coupes de Pâques. Malheureusement pour lui et l'équipe de Daniel Lentaigne, la coque était irréparable et ils n'en avaient pas une d'avance. L'idée me vint alors de leur proposer de louer leur moteur. Une fois l'accord bouclé, avec au passage le conseil de prudence du préparateur René Huger (preuve que le bestiau était un étalon du meilleur niveau), il me fallut convaincre un des meilleurs mécanos du paddock d'assurer le transfert dans la soirée.


Tout était prêt le samedi pour les qualifications. Mais si je me rendis vite compte de la "respiration" supérieure du nouveau propulseur, mon rythme personnel et sans doute aussi la pertinence des réglages de la MK 33 n'étaient pas du même niveau. Mon meilleur tour de la première série du groupe 1 était le 15e, et le 29e au cumul des deux groupes. Je pouvais encore espérer intégrer les 25 qualifiés pour la course du championnat. Mais une incursion prématurée hors piste en seconde séance, style ramasse de foin, m'empêcha d'améliorer mon chrono. Je ne pus ainsi pas faire mieux qu'une 34e place qualificative sur 46 concurrents, synonyme de 5e ligne pour la course des Challengers.


Mauvais présage peut-être, une pluie insistante était au rendez-vous de la course du dimanche matin. Comme à Montlhéry quelques mois plus tôt. Cette eau était pourtant bien plus fâcheuse pour le jeune Denis Plichet, qui, normalement placé sur la 4e ligne devant moi, en était absent, ... faute de disposer de gommes sculptées. De fait, encouragé par cette espace libre, je me souviens être parti idéalement, au point d'entrevoir m'immiscer entre les deux monoplaces de la 3e ligne, au moment de passer le 3e rapport. C'est à cette seconde-là qu'un choc souleva l'arrière droit de la monoplace et m'expédia en travers, direction le mur de gauche. Après le gros impact, renvoi en tête-à-queue sur la piste, souvenir d'avoir la chance de ne pas être percuté par un suivant, puis de nouveau en direction oblique cette fois, et plus douce vers et le long du mur. Point de vidéo pour reconstituer les faits à cette époque, mais avec les seules photos à disposition, l'étau dont j'aurai été la victime pourrait concerner involontairement l'ami Marc Chatel, qui partait de la 5e ligne à ma droite, et aurait été légèrement poussé dans une de mes roues par l'Orion de Pierre-Yves Gérard qui le suivait. Allez savoir !? A ranger dans les aléas de la course ...


Toujours est-il que la compression de la coque de la Martini de l'ami Thierry m'obligea à consacrer une partie de l'hiver à rembourser les dégâts. Avec au programme l'achat à Lionel Fillatre d'une coque nue identique, pour l'acheminer vers Toulouse chez Patrick Jamin, pour remontage d'une voiture complète avant restitution.


Six mois plus tard, aux Coupes de Pâques 84, où nous évoquions l'accident avec André Diviès, devant les stands face au gradin, l'emblématique et truculent patron du circuit Paul Armagnac me lança avec sa verve habituelle et rocailleuse, autant béarnaise que “pagnolesque“: “Jean-Luc, tu m'as fendu le murrr !


En galerie, quelques images rescapées de ces quatre aventures sur circuit pour le moins mouvementées ...

                                                                                                                                                                                                                                                   Jean-Luc Taillade

                                                                                                                                    (© Daniel Delien, Photos Actualités, Christian Chiquello, Lionel Froissart, Josselyne Bélieu et D.R.)


( Cliquer sur les photos pour agrandir et faire défiler )

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